dimanche, février 27, 2011

Ghannouchi : trop tard, trop tôt... jamais dans le tempo !

Enfin Ghannouchi a démissionné ! Compte tenu de son degré d'implication dans le système Ben Ali durant la dernière décennie où il a eu la mainmise sur l'administration du pays, cette décision s'imposait dès les premières heures qui ont suivi la fuite de son président dictateur. En lieu et place, il a été maintenu dans ses fonctions pour présider aux destinées d'une nouvelle Tunisie dont il ne faisait certainement pas partie en tant qu'homme du passé au lourd passif. Malgré ce problème d'(il)légitimité, beaucoup lui ont fait confiance (avaient ils le choix ?) mais au fur et à mesure que les semaines s'écoulaient et que M. Ghannouchi accumulait les maladresses, cette confiance s'effilochait et on commençait à croire qu'on avait Mr Bean pour premier ministre !

Durant les six semaines de sa primature, le gouvernement s'est montré incapable d'imprimer son tempo aux évènements et petit à petit la rue a fini par prendre l'ascendant. De manifestations pacifiques on est passé aux casseurs qui font la loi en plein centre-ville de Tunis et narguent les forces de l'ordre dans leur pré carré. C'est dans ces circonstances, alors que ces bandes étaient toujours à l'oeuvre, que le premier ministre a annoncé sa démission, quittant le navire en pleine tempête. Par ce geste il abandonne le pouvoir à la rue et à des médias de moins en moins responsables qu'il n'a pas manqué de critiquer. L'échec de son gouvernement tient cependant en bonne partie à une communication désastreuse ou plutôt à une quasi-absence de communication.

D'un autre coté, il faut reconnaitre que, même mu par de bonnes intentions, Ghannouchi aurait eu du mal à faire passer le message car le bénéfice du doute lui était refusé. Derrière lui, la rumeur ne cessait de voir se profiler l'ombre de forces occultes en tout genre : RCD, intérêts étrangers, milieux affairistes... Sa marge de réaction était dès lors de plus en plus étroite. D'ailleurs, il quitte son poste en avouant son échec notamment en matière sécuritaire où il aurait été top ''tendre'' et il finit par lancer qu'il n'a et ne sera jamais "l'homme de la répression". Il annonce ainsi l'arrivée d'un homme à poigne avec plus d'expérience dans la gestion de crises. La nomination de Béji Caïd Essebsi qui était pressentie et qui sera par la suite confirmée ne fait plus de doute.

1 commentaire:

tunisien a dit…

Entièrement d'accord avec votre analyse. J'ai moi-même développé des idées comparables dans mon propre blog. Reste à savoir maintenant, primo, si le nouveau nommé est l'homme de la situation. Je l'espère sincèrement, mais j'ai mes doutes. Deuxio, dans quelle mesure les forces (plus ou moins) invisibles (et plus ou moins prévisibles)ne sont pas assez déterminées, bien placées et bien dotées pour continuer de jouer leur sale jeux et y gagner. Croisons les doigts !