jeudi, décembre 28, 2006

Delanoë n’est plus…

Non il ne s’agit pas du très médiatique maire de Paris mais d’un artiste de l’ombre… Pierre Delanoë est mort hier à l’age de 88 ans. Vous ne connaissez peut être pas son nom mais vous connaissez certainement au moins quelques unes des chansons qu’il a écrites. La chanson française lui doit plus de 5000 oeuvres parmi lesquelles des dizaines de ‘’tubes’’ !! Prolixe et prolifique, il a su surfer sur toutes les vagues et s’adapter à tous les genres…

Après ses débuts dans les années 50 où il écrit notamment pour Piaf, Guétary et Tino Rossi, Il connaît ses premiers grands succès dans les années 60 avec Gilbert Bécaud pour qui il écrit, entre autres, ‘’Mes mains’’, ‘’Et maintenant’’, ‘’Dimanche à Orly’’, ‘’Nathalie’’, etc. Les années, suivantes, il collabore avec plein d’autres artistes parmi lesquels Hugues Aufrey (pour qui il signe l’album ‘’Aufrey chante Dylan’’), Michel Fugain (‘’Fais comme l’oiseau’’, ‘’Attention mesdames et messieurs’’, ‘’Une belle histoire’’…), Joe Dassin (‘’L’été indien’’, ‘’Le petit pain au chocolat’’, ‘’Les Champs-Élysées’’, ‘’Et si tu n’existais pas’’, ‘’À toi’’…), Gérard Lenorman (‘’La ballade des gens heureux’’, ‘’Si j’était président’’…), Michel Sardou (‘’Les vieux mariés’’, ‘’Le France’’, ‘’La java de Broadway’’…) mais aussi Nicoletta (‘’Mamy Blue’’, ‘’Il est mort le soleil’’), Nana Mouskouri (‘’Quand tu chantes’’, ‘’L’amour en héritage’’…), Sylvie Vartan (‘’La Maritza’’), Michel Polnareff (‘’Le bal des Laze’’), Dalida (‘’Laissez moi danser’’…), François Valéry (‘’Aimons nous vivants’’) et bien d’autres chanteurs (Claude François, Aznavour, Halliday, Mireille Mathieu, Marie-Paule Belle, Nicole Croisille…).

Que de chansons qui nous ont marqué à une époque ou une autre de notre vie et qui sont définitivement inscrites dans la mémoire collective… Salut l’artiste !

lundi, décembre 25, 2006

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samedi, décembre 23, 2006

INDEX BLOGORUM PROHIBITORUM…

L’index librorum prohibitorum, plus connu sous le nom d’Index, désignait le catalogue des livres interdits, édité par l’Eglise romaine à partir de la fin du XVIème siècle et jusqu’en 1948. Cette pratique fut définitivement abolie après le concile du Vatican II en 1966 par un décret qui stipule, notamment, que «L’index garde sa valeur morale [...] mais n’a plus force de loi ecclésiastique avec les censures qui y sont attachées. L’Église fait confiance à la conscience mûre des fidèles». Ainsi l’Eglise avait pris acte de l’évolution de la société et de l’absurdité de toute atteinte à la liberté d’expression qui ne peut être que contre-productive !

Postons blanc le lundi 25 décembre…

mardi, décembre 12, 2006

Pinochet asesino !

«On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l'officier, une hache apparut. D'un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d'un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s'écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6 000 détenus. L'officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : " Chante maintenant pour ta putain de mère ", et il continua à le rouer de coups. Tout d'un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l'on entendit sa voix qui nous interpellait : " On va faire plaisir au commandant. " Levant ses mains dégoulinantes de sang, d'une voix angoissée, il commença à chanter l'hymne de l'Unité populaire, que tout le monde reprit en choeur. C'en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant. D'autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort.» (Miguel Cabezas / écrivain, témoin oculaire de la scène)

Tel est le récit du calvaire de Victor Jara, artiste chilien emblématique de la gauche révolutionnaire sud-américaine des années 60. Ca se passait au stade de Santiago du Chili, aujourd’hui rebaptisé ‘’stade Victor Jara’’, là même où il donnait des concerts populaires un an auparavant… Il était connu et adulé, mais combien d’anonymes ont péri sous la dictature de Pinochet ?

‘’Pinochet asesino !’’… Ce sont là les cris de centaines de chiliens réclamant justice lorsque l’ancien dictateur a été inculpé en 1998 par le juge espagnol Garzon pour plus de 3000 assassinats et des dizaines de milliers de cas de torture sous le joug de sa junte militaire… Malheureusement, le gouvernement britannique (son vieil allié) renonce finalement à l’extrader et le renvoie au Chili où il sera à l’abri de la justice internationale jusqu’à sa mort avant-hier ! Il ne répondra donc jamais de ses crimes devant un tribunal… Mais le peuple l’a déjà amplement condamné !

Aujourd’hui Pinochet va être inhumé… il aura droit aux honneurs militaires mais pas à des funérailles officielles ni à un deuil national. Ainsi en a décidé la présidente socialiste Michelle Bachelet, dont le père a été détenu, torturé et tué sous la dictature militaire : une belle revanche de l’Histoire !

mercredi, décembre 06, 2006

Bémol ?!

Ce post est en réalité une réaction à la censure d’un commentaire que j’ai écrit sur un article du blog d’El Greco… celui-ci n’a apparemment pas apprécié que je dise ce que je pense (et je suis loin d’être le seul) au sujet de son ‘’ami’’ Samaranch ! Il a donc écourté mon commentaire tout en gardant la partie qui lui convenait (la phrase de remerciement)… Je trouve que ce n’est pas très sport. Mais si El Greco a appris l’esprit sportif de chez M. Samaranch, ce comportement ne m’étonne guère ! Voici donc ce que j’avais écrit :

« Merci de nous faire partager tes émotions et tes souvenirs Rached ! Un petit bémol cependant si tu le permets : je ne serais pas très fier de côtoyer un personnage aussi controversé que Juan Antonio Samaranch ; ex-secrétaire d'Etat sous la dictature de Franco, il signait ses lettres d'un "je te salue le bras tendu" ! Par ailleurs, s'il a fait grandement évoluer les Jeux Olympiques, il les a aussi transformé en une gigantesque machinerie commerciale qui brasse des milliards de dollars de droits télé ! sous sa présidence, le sport est devenu spectacle de cirque et les enjeux de plus en plus élevés ont fait exploser le dopage ! je rappelle aussi tous les scandales de corruption et de pot-de-vin destinés à soudoyer les membres du CIO pour l'organisation des jeux et tous les micmacs en coulisse : c'est ça aussi le système Samaranch !! Je finirai en citant l’académicien Maurice Druon qui lui a écrit un jour dans une lettre ouverte : "Le cœur de Coubertin repose à Olympie. Est-ce à Wall Street qu’il conviendra de déposer l’urne contenant le vôtre ? " ».

Je constate de plus en plus que beaucoup de bloggers n’acceptent pas qu’on les critique ou qu’on ne soit tout simplement pas d’accord avec leur opinion. Mais où est l’esprit de dialogue dans tout ça ? Si vous ne cherchez que des remerciements et des courbettes faut se déconnecter de la blogosphère : ya assez de faux-cul et de lèche-bottes dans la vie pour gonfler artificiellement son ego !!

Leçon de vie

Vendredi dernier à Campus, l’émission culturelle de Guillaume Durand sur France2, l’artiste invité était Renaud qui parlait de la sortie de son dernier album ‘’Rouge Sang’’ et de tous les remous qui s’en sont suivis… Mais ce soir-là, ce n’est pas le passage télévisuel de Renaud qui m’a marqué : je l’ai même trouvé un peu décevant à vrai dire ! Après l’interview, Durand s’est retourné vers l’invité suivant, qui était assis à coté de Renaud, un jeune homme d’apparence sage et timide à l’allure tout ce qu’il y a de plus banal et normal ! Durand le présente : Alexandre Jollien, jeune philosophe qui publie ‘’La construction de soi’’ aux éditions du Seuil, un livre qui se veut un manuel de l’usage de la philosophie dans la quête du bonheur et blablabla. A ce stade, je me dis : encore un petit jeune à peine diplômé qui se prend déjà pour Spinoza et vient nous ressasser ses recettes de philo à l’usage des nuls !

Mais dès que Jollien prend la parole, c’est le choc : il se contorsionne pour pouvoir s’exprimer, articule avec peine le moindre mot et grimace dans l’effort afin de se faire comprendre ! Le jeune homme si normal d’apparence est en réalité un handicapé moteur cérébral qui a été victime d’un accident à la naissance : le cordon ombilical l’a étranglé empêchant l’oxygène d’irriguer son cerveau durant l’accouchement ! Je tends alors l’oreille pour pouvoir déchiffrer ce qu’il dit. L’effort vaut la peine : Jollien s’exprime avec éloquence, sa pensée est limpide et on en oublie presque sa différence !

‘’Différence’’, ce mot, que Jollien qualifie de ‘’dangereux’’, il préfère lui substituer celui de ‘’singularité’’ qui exprime mieux l’unicité de l’identité de chacun en ce qu’elle a d’exceptionnel ! Comme tout le monde, Jollien voulait être heureux… mais contrairement à d’autres, il n’a pas attendu qu’on lui offre ce bonheur, qu’on lui en fasse don de charité : si vous n’êtes pas heureux avec vous même, vous ne pouvez pas l’être avec les autres ! Avoir un bon boulot, se marier, avoir de beaux enfant n’est pas la clé du bonheur ! Il faut d’abord s’accepter et assumer pleinement sa singularité. Tel est l’enseignement majeur que Jollien a puisé dans la philosophie ! Son discours est à des années lumières des recettes à deux balles qui fleurissent sur les étagères des librairies sur ‘’Comment être heureux en 30 leçons ?’’.

Plus tard j’ai visité son site sur le net et j’ai découvert que le jeune philosophe n’était pas à son coup d’essai, qu’il avait déjà publié deux autres livres aux titres tout aussi parlants que le dernier : ‘’Eloge de la faiblesse’’ au Cerf et ‘’Le métier d’homme’’ au Seuil ! J’ai découvert aussi qu’il était resté cloîtré jusqu’à l’âge de 17 ans dans un établissement spécialisé, que les médecins le dissuadaient d’entreprendre des études de philo, qu’aujourd’hui il est marié et père de deux enfants… Bref, une vraie leçon de vie prouvant une fois encore que la volonté est au dessus de tout et que rien n’est impossible à celui qui se donne ses propres moyens de réaliser ses propres rêves !

lundi, décembre 04, 2006

Les Passantes (poème d'Antoine Pol)

Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais

A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui

A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main

A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant

Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin

Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus

Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir


Ce très beau poème ne nous serait peut-être jamais parvenu s'il n'était par hasard tombé entre les mains de Georges Brassens qui a eu le coup de foudre pour ce texte et l'a merveilleusement mis en chanson. En effet, son auteur Antoine Pol n'était pas considéré comme un écrivain à part entière (notamment en raison de ses activités en tant qu'industriel) et ses oeuvres n'ont eu droit qu'à des publications très confidentielles (quelques centaines d'exemplaires pour la famille et les amis).

Brassens avait bien sûr contacté Antoine Pol afin d'obtenir l'autorisation de mettre son poème en musique. Celui-ci accepta et ils avaient convenu de se rencontrer un mois plus tard... malheureusement, Antoine Pol, alors âgé de 83 ans, est décédé une semaine avant la rencontre ! Brassens a toujours regretté de ne pas l'avoir connu !