mercredi, décembre 07, 2011

Il y a tout juste 20 ans, disparaissait l'URSS

"Nous, République du Bélarus, Fédération russe (RSFSR), et Ukraine, membres fondateurs de l'URSS, signataires du Traité sur la formation de l'Union de 1922 (...), constatons que l'URSS n'a plus d'existence en tant que sujet du droit international et réalité géopolitique". 

C'est en ces termes que l'Accord de Minsk, signé le 8 décembre 1991, constate la fin de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques et la fin de 70 ans d'une expérience communiste qui fit rêver certains et pleurer bien d'autres.


samedi, octobre 29, 2011

Ce que représentent les élus de la Constituante

En se basant sur les chiffres de l'ISIE, les élus des différentes listes qui occuperont les 217 sièges de l'Assemblée Constituante ont recueilli 2.694.590 voix. Ils représentent ainsi 66.3% de l'ensemble des votants (cf. post précédent). Les élus du parti majoritaire Ennahda ''pèsent'' 37% des voix (et 41% des sièges). Le CPR recueille 8.5% des suffrages (mais près de 14% des sièges) ; Ettakatol : 6.4% des voix et 9.7% des sièges. Enfin, Al Aridha obtient 4.1% des voix et 8.8% des sièges.

Si on rapporte les voix du scrutin à la population électorale totale (7.569.824 votants potentiels), les élus de la constituante ne représentent plus que 35.6% de la population. Sur cette base, avec un peu plus d'un million et demi d'électeurs, Ennahda a un poids électoral de 19.8%. Les autres formations politiques restent à distance respectable : 4.6% pour le CPR, 3.5% pour Ettakatol et 2.2% pour Al Aridha.

vendredi, octobre 28, 2011

Chiffres de l'ISIE : "ya comme un défaut... !"

L'ISIE a annoncé hier les résultats préliminaires de l'élection pour l'Assemblée Constituante. Au delà de la polémique sur les listes d'Al-Aridha, les chiffres présentés par le communiqué semblent incohérents par rapport aux chiffres détaillés par circonscription électorale.

En effet, en sommant le nombre total de voix pour les 33 circonscriptions, on arrive à 4.061.735 voix. Or l'ISIE déclare que le nombre de votants est de 3.702.627. Il y aurait donc 359.108 voix de trop ?! Ce sont peut être des votes nuls (bulletins non valides ou votes blancs), mais la précision mérite d'être apportée. Et de toutes manières, le nombre de votants doit toujours être supérieur ou égal au nombre total de voix comptabilisées et non pas le contraire !

lundi, octobre 24, 2011

Ils ont voté... et puis après ?

J'étais si fier hier de la mobilisation de ce peuple qui donnait au Monde entier une si belle leçon de démocratie. J'étais si fier... jusqu'à la découverte des premiers résultats et des tendances qui se dessinent aujourd'hui ! Non je ne renie pas le formidable engouement sans précédent pour ces premières élections. Je ne conteste même pas la raz-de-marée d'Ennahda. Mais comment justifier qu'on puisse voter autant pour Al Aridha Achaabiya de ce populiste de seconde zone qu'est Hechemi Hamedi. Sidi Bouzid qui a allumé la mèche qui embrase le feu révolutionnaire dans le Monde Arabe s'est donc choisi ce caméléon médiatique pour (in)digne représentant ! Triste retour aux sources du régionalisme qui ne trouve son absurde explication qu'au-delà du désespoir...

C'est aussi le signe que ceux qui ont mené cette Révolution ont voulu sanctionner TOUS les partis, y compris Ennahda qui fait des scores staliniens dans le reste du pays, chez cette classe moyenne bigote et en quête d'embourgeoisement. Tous ont fait de la récupération politique de cette Révolution leur cheval de bataille. Mais alors que Ennahda s'appuyait sur un capital de notoriété confortable, les partis de gauche ont gâché leurs chances en avançant en ordre dispersé, prêchant un même électorat qui ne savait plus à quel saint se vouer !

Je ne sais quoi penser en voyant Hachemi Hamedi se pavaner, lui qui n'a même pas daigné fouler le sol de ce pays, alors que des militants de la trempe de Hamma Hammemi  resteront probablement sur le bord de la route. Même si on peut diverger avec certains de leurs idéaux, on ne peut nier leur patriotisme ; eux qui ont tellement sacrifié de leur vie avant et pendant la Révolution... A tous ceux-là je dédie cette chanson que Ferré chanta après les élections de 1969 lorsque la France réac vota massivement à droite après Mai 68.



vendredi, octobre 21, 2011

لابد من تونس وإن طال السفر

C'est le titre de l'article publié par Farag Foda dans la Revue d'Octobre (مجلة أكتوبر) en 1991, il y a tout juste vingt ans, quelques mois avant qu'il soit assassiné par un extrémiste de la Gamaa Islamiya. Il y exprime son opinion sur le parti Ennahda ; une opinion qui a gardé une fraîcheur étonnante après deux décennies.

Les mêmes protagonistes (Ghannouchi, Mourou, Ettahrir...) sont encore à l'oeuvre aujourd'hui. Mais déjà à l'époque, Foda pointait la duplicité de langage et le décalage entre les déclarations et les intentions sous-jacentes. Il constate que le mouvement Ennahda est un curieux mélange de partisans du ''Tout est permis'' (أنصار لابأس) et ceux du ''Rien n'est permis'' (أنصار البأس الشديد). Il mesure le décalage entre des dirigeants qui se réclament d'un islamisme modéré et une bonne partie de la jeune base plus proche des salafistes d'Ettahrir et des tenants de l'idéologie jihadiste que des thèses réformistes.

L'article de Foda finit sur une note d'espoir concernant le maintien d'une république civile en Tunisie et des interrogations sur l'issue du processus démocratique. Malheureusement, l'histoire aura tourné court et le régime de Ben Ali s'est transformé en une dictature implacable.

Aujourd'hui une incertitude similaire plane sur l'issue de la transition démocratique et je regrette, en ce rendez-vous électoral décisif, l'absence d'intellectuels tunisiens de l'envergure de Foda prêts à démonter les arguments des prêcheurs de l'islamisme politique, au risque leur vie.

vendredi, mai 06, 2011

Des policiers fidèles à l'Ordre du 7 Novembre...

Pendant que le Conseil des ministres adoptait aujourd'hui un projet de loi portant amendement du code des décorations pour la suppression de l'Ordre du 7 Novembre 1987, les agents du désordre public se rappelaient au bon souvenir des journalistes qui venaient de fêter la journée mondiale de la liberté de la presse. 

En 48 heures, 14 reporters ont ainsi été agressés par des policiers. Certains ont pu de nouveau goûter à l'acharnement de quelques agents particulièrement zélés : le photographe Fethi Belaïd dont les clichés sur la Révolution tunisienne ont fait le tour du monde, a été par exemple pourchassé jusque dans les étages des locaux du journal La Presse, tabassé à coups de barre de fer et dépossédé de son matériel photographique.

Il faudrait rétablir de toute urgence l'Ordre du 7 Novembre afin de décorer d'un Grand-cordon nos valeureux policiers ainsi que leur hiérarchie qui veillent à protéger le pays contre les vilains journaleux ''qui pêchent en eau trouble''.

dimanche, février 27, 2011

Foued M'bazaa (78 ans) nomme Béji Caïd Essebsi (85 ans) Premier Ministre

no comment...

Ghannouchi : trop tard, trop tôt... jamais dans le tempo !

Enfin Ghannouchi a démissionné ! Compte tenu de son degré d'implication dans le système Ben Ali durant la dernière décennie où il a eu la mainmise sur l'administration du pays, cette décision s'imposait dès les premières heures qui ont suivi la fuite de son président dictateur. En lieu et place, il a été maintenu dans ses fonctions pour présider aux destinées d'une nouvelle Tunisie dont il ne faisait certainement pas partie en tant qu'homme du passé au lourd passif. Malgré ce problème d'(il)légitimité, beaucoup lui ont fait confiance (avaient ils le choix ?) mais au fur et à mesure que les semaines s'écoulaient et que M. Ghannouchi accumulait les maladresses, cette confiance s'effilochait et on commençait à croire qu'on avait Mr Bean pour premier ministre !

Durant les six semaines de sa primature, le gouvernement s'est montré incapable d'imprimer son tempo aux évènements et petit à petit la rue a fini par prendre l'ascendant. De manifestations pacifiques on est passé aux casseurs qui font la loi en plein centre-ville de Tunis et narguent les forces de l'ordre dans leur pré carré. C'est dans ces circonstances, alors que ces bandes étaient toujours à l'oeuvre, que le premier ministre a annoncé sa démission, quittant le navire en pleine tempête. Par ce geste il abandonne le pouvoir à la rue et à des médias de moins en moins responsables qu'il n'a pas manqué de critiquer. L'échec de son gouvernement tient cependant en bonne partie à une communication désastreuse ou plutôt à une quasi-absence de communication.

D'un autre coté, il faut reconnaitre que, même mu par de bonnes intentions, Ghannouchi aurait eu du mal à faire passer le message car le bénéfice du doute lui était refusé. Derrière lui, la rumeur ne cessait de voir se profiler l'ombre de forces occultes en tout genre : RCD, intérêts étrangers, milieux affairistes... Sa marge de réaction était dès lors de plus en plus étroite. D'ailleurs, il quitte son poste en avouant son échec notamment en matière sécuritaire où il aurait été top ''tendre'' et il finit par lancer qu'il n'a et ne sera jamais "l'homme de la répression". Il annonce ainsi l'arrivée d'un homme à poigne avec plus d'expérience dans la gestion de crises. La nomination de Béji Caïd Essebsi qui était pressentie et qui sera par la suite confirmée ne fait plus de doute.

vendredi, février 18, 2011

Amnistie générale, oui ! Amnésie générale, non !!!!

Les évènement se précipitent ces derniers jours : manifestations haineuses devant des synagogues, fermetures de bordels, agressions de femmes... et pour finir l'assassinat d'un prêtre !

Je ne voudrai pas entrer dans la polémique islamistes/RCD. Ce flou entretenu contribue au pourrissement général d'une situation qui arrange les deux parties. Il faut bien admettre qu'on a affaire à des alliés de circonstance ! Le gouvernement s'apprête à décréter une amnistie générale ; qu'il en soit ainsi ! Je trouve même que cette décision est tardive. Mais parallèlement on assiste aussi à une amnésie générale de nos gouvernants. Est-il normal qu'on laisse des manifestations appelant à la haine et à la violence ? Est-il normal qu'on laisse des gens saccager des habitations même si ce sont des maisons closes ? Et maintenant des crimes impunis !

Les manifestations de "hezb ettahrir" sont illégales et ne devraient être autorisées sous aucune démocratie. Ce sont par ailleurs des manifestations qui semblent mieux organisées que ce qu'on peut attendre d'un simple "groupuscule" : mégaphones, affiches sérigraphiées, larges banderoles et drapeaux imprimés... Il y a de la logistique derrière !

Pendant ce temps là, nos gouvernants ferment l'oeil (ou même les deux). Trois explications possibles et toutes moins rassurantes l'une que l'autre. Soit ils souffrent d'un complexe de culpabilité, soit c'est un aveux d'impuissance, soit c'est une forme de connivence organisée pour favoriser un retour en arrière !



P.S. : La pétition contre l'intolérance  http://www.petitiononline.com/IN170211/petition.html
Et rappel qu'une marche pour la liberté et la laïcité est organisée demain samedi 19 février  Avenue Habib Bourguiba de 13h à 15h.

vendredi, février 11, 2011

Et de deux...

Moubarak qui a si mal porté son nom pour l'Egypte et qui a mis le pays sous sa botte durant 30 ans de dictature a été enfin botté et vomi par son peuple... Espérons que l'armée soit à la hauteur et que l'Egypte et la Tunisie réussissent leur transition démocratique et servent d'exemple pour le reste du monde arabe.

A qui le tour maintenant ? Je parie qu'on va pas trop dormir ce soir dans les palais présidentiels et royaux !

jeudi, février 10, 2011

! ارحل ارحل حسني مبارك ! يا سليمان يا سليمان ارحل ارحل انت كمان

Comment on peut être aussi stupide ?! Moubarak nous a fait revivre "Ben Ali le retour"... et comme tous les mauvais films de série B ça devrait finir pareil !

P.S. : Le discours de Souleimane ressemble aussi à du déjà entendu... Je croyais que Abdelwaheb Abdallah et Ben Dhia étaient en résidence surveillée !

mercredi, février 09, 2011

La révolution trahie

C'est le titre de l'article de Yuliya Timoshenko en réaction à ce qui se passe actuellement en Tunisie et en Egypte. A la lumière de son expérience d'ancienne Premier ministre d'Ukraine après la "révolution orange" d'il y a 6 ans, elle fait part de ses réflexions sur le long chemin qui attend une démocratie naissante et les contre-mesures qui peuvent surgir pour freiner l'élan d'une révolution, voire l'infléchir. Yuliya Timoshenko est une figure charismatique et controversée de la vie politique ukrainienne et certains éléments de sa reflexion sont teints d'une perceptible amertume, ils méritent toutefois l'attention car beaucoup d'enseignements sont transposables au cas tunisien.

mardi, février 08, 2011

Grèves / Insécurité : le cercle vicieux... Votez Morjane !

Les grèves et manifestations continuent à enflammer l'actualité alors que l'activité continue à tourner au ralenti dans une quasi-léthargie collective. Aujourd'hui, parmi les mouvements, était signalée la poursuite de la grève chez les employés de la société régionale de transport de Bizerte et dont certaines revendications sont teintes d'une bonne dose de corporatisme en demandant par exemple d'accorder "la priorité aux enfants du personnel dans les recrutements".

Sans lien, mais sur le même trajet Tunis-Bizerte, le bus spécial des étudiants de la technopole de Sidi-Thabet a été arrêté aujourd'hui par un groupe d'individus munis d'armes blanches qui ont fait descendre tous les étudiants et réquisitionné le bus pour protester contre l'absence de transports publics depuis quelques jours sur cette ligne. Il n'a été fait aucun mal aux étudiants qui étaient quit pour une grosse frayeur et l'armée a du intervenir pour débloquer la situation. On peut imaginer que la SNT doit fonctionner avec des effectifs réduits sur certains parcours et redéploie son personnel en priorité sur les bus spéciaux. La crainte pour leur sécurité peut expliquer la désaffection de certains chauffeurs et receveurs pour le regain de leurs postes sur des lignes "sensibles". Ceci est vrai pour d'autres employés des services publics qui doivent de surcroît faire face à l'incertitude des transports. Or, comme dans le cas présent, l'absence de certains services publics vitaux pousse à l'exaspération des populations déjà délaissées et accentue par conséquent l'insécurité ambiante.

Le poursuite de la situation actuelle et son pourrissement risque fort bien de se transformer en un raz-le-bol généralisé qui à l'approche des élection favoriserait un vote sécuritaire. Le général Ammar a déjà la côte et jouit d'une bonne image dans l'opinion publique. Il n'a jamais montré d'ambition politique mais d'après un récent sondage (qui reste sujet à caution) il arrive en deuxième place derrière Ahmed Nejib Chebbi des personnalités évoquées comme possible futur président.

Un autre futur candidat possible et non encore déclaré c'est Kamel Morjane, l'ancien ministre des affaires étrangères (et de la défense précédemment) que certains regrettent déjà après les sorties malheureuses de son successeur. Pour beaucoup, Morjane n'a pas l'image désastreuse des autres pointures de l'ex-RCD et il a préféré soigner sa sortie du premier gouvernement transitoire en démissionnant. La lecture de la fin du communiqué de démission laisse peu de doutes sur les ambitions de l'homme : "Quelle que soit ma position, je ne ménagerai aucun effort pour contribuer à l'édification de l'avenir de la Tunisie, dans le cadre de la sécurité, de la liberté et de la stabilité.". Voici donc les valeurs de ce futur parti (un néo-RCD ?) où la sécurité passe avant la liberté. Chassez le RCD par la porte, il reviendra par les fenêtres !

dimanche, février 06, 2011

La Tunisie n'est pas la Turquie et Bourguiba n'était pas Atatürk

S'il est de bon goût pour les islamistes d'Ennahda de se comparer à l'AKP turc, il est de bon goût également pour certains laïques tunisiens de se réclamer de l'héritage d'Atatürk quand ils jugent insuffisant le legs bourguibiste en matière de séparation de l'Etat et de la religion. Il faut cependant rappeler que les démarches entreprises pour bâtir un Etat moderne dans les deux pays ont été très différentes. Atatürk a imposé une laïcité à l'européenne à travers l'adoption de lois "importées" venant remplacer les textes traditionnels et coupant tout lien avec la religion musulmane. Dans le cas tunisien, la philosophie de Bourguiba était toute autre : le Code du Statut Personnel (CSP), par exemple, s'est voulu être une relecture inspirée des textes religieux à la lumière d'une vision moderne. En outre, l'islam est resté religion d'Etat et le président de la république se doit d'être musulman. Dans les deux cas, tunisien et turc, le forcing législatif s'est par ailleurs accompagné d'un grand effort de laïcisation des institutions et principalement l'enseignement. Mais là également, si en Turquie l'enseignement public ne donne pas de cours religieux, la Tunisie a fait le choix de prodiguer des cours d'éducation islamique et encadrer par conséquent le message religieux destiné aux enfants. Pour revenir au CSP, celui-ci diffère principalement sur deux points du droit turc : l'héritage y est toujours largement dicté par la loi islamique (et donc en défaveur des femmes) et il reste impossible pour une tunisienne musulmane de contracter ou valider un mariage avec un non-musulman. Par ailleurs, l'adultère n'est plus criminalisé en Turquie, point sur lequel l'AKP a tenté de revenir, sans réussite pour le moment.

Cependant, dans la pratique, la société turque ne semble pas plus sécularisée que la société tunisienne, bien au contraire : les mariages forcés y sont légion, les crimes d'honneur sont nombreux et l'égalité en matière de succession est loin d'avoir toujours été respectée vu que l'écrasante majorité du patrimoine continue à être détenue par les hommes. Or une sécularisation effective de la société est le seul garant de pérennité d'une laïcité républicaine. En Turquie la laïcité est protégée par l'armée qui contrôle étroitement la vie politique à travers un conseil de sécurité national et empêche toute "dérive" qui s'éloignerait du kémalisme institutionnel. Même si l'influence de l'armée est en déclin, la Turquie continue donc à être un Etat sécuritaire, ce qui est incompatible avec l'instauration d'une véritable démocratie. 

En Tunisie, le peuple a rejeté une autre forme d'Etat sécuritaire, policier et non militaire, et reste attaché à son armée républicaine et neutre. Une armée à la turque qui ferait contre-poids au gouvernement élu ne semble donc pas envisageable dans le contexte tunisien actuel. Cependant, il n'a échappé à personne qu'il s'en est fallu de peu que l'armée tunisienne ne puisse remplir son rôle par manque de moyens, et son renforcement semble donc inéluctable.

Le meilleur protecteur que la laïcité puisse avoir c'est le peuple ! Mais la question qui se pose est de savoir à quel point la société tunisienne accepte, ou plutôt désire, être sécularisée. Une laïcité tunisienne s'est construite durant les 50 dernières années par une lente "politique des étapes" si chère à Bourguiba. Les acquis du CSP semblent être intégrés par une large frange de la population. Aujourd'hui, le peuple exige un nouveau système politique basé sur une véritable démocratie et une nouvelle république avec une nouvelle constitution. Est-ce que la laïcité devra gagner du terrain à la faveur de cette refonte constitutionnelle ? Le débat sur la question mérite d'être largement ouvert et promet d'être passionnant mais en aucun cas il ne devra être occulté.

mardi, février 01, 2011

Y a-t-il un responsable dans la Police ?

La situation sécuritaire s'est considérablement détériorée ces deux derniers jours avec des policiers en grève dans de nombreux gouvernorats et qui ont poussé le comble jusqu'à chasser leur ministre de ses locaux. Plusieurs versions circulent et oscillent entre revendications syndicales et complot de la police secrète. Quelles que soit leurs motivations, ces actes sont très graves. Le peu de confiance que la population avait commencé à avoir en sa police nationale est entrain de se désagréger. Des bandes organisées nées d'une probable association entre ripoux et truands avérés sème la terreur et surtout la panique parmi les gens en s'attaquant à des établissements d'enseignement ou des magasins et en saccageant des biens publics ; les rumeurs vont bon train et signalent ici et là des rapts ou des viols (non confirmés pour la plupart).

La psychose gagne la population et j'ai du mal à imaginer que personne ne se cache derrière ce dessin. Au sein même de la police, une des revendications principale des grévistes concerne la nécessité d'une purge dans le système sécuritaire jugé encore très imprégné par des hommes du passé qui accaparent les postes clés dans les bureaux du ministère de l'intérieur. Dans ce contexte explosif, il semble urgent de réagir fermement et avec justesse pour rétablir l'ordre dans une institution qui est sensée incarner cette valeur dans l'appareil de l'Etat. La commission nationale d'établissement des faits sur les abus durant la dernière période, présidée par Taoufik Bouderbala devrait s'occuper très rapidement du dossier de la chaîne de commandement qui a abouti à la tragédie qui a coûté la vie à plus de 200 personnes. Néanmoins, l'administration policière a tellement été gangrenée par 23 ans de système sécuritaire aux ramifications complexes, qu'il faudrait une autre commission judiciaire qui fasse la lumière sur les agissements des hauts fonctionnaires au sein du ministère de l'intérieur durant les deux dernières décennies.

Il faut séparer le bon grain de l'ivraie car je ne peux croire non plus qu'il n'y ait pas parmi la police de nombreux fonctionnaires patriotes qui veulent eux aussi en finir avec ce système. Il faut qu'ils se manifestent et qu'on les écoute. Mais en aucun cas il n'est admissible que cela se déroule de manière à laisser place au chaos car l'avenir de la démocratie en dépend !

dimanche, janvier 30, 2011

Comme si un seul Ghannouchi ne suffisait pas !


Pour les non arabophones, la pancarte dit :
"C'est mon identité, ma liberté (sic), mon avenir"
Tunis, le 21-01-2011

En ce dimanche saint de l'an de grâce deux mil onze la Tunisie accueillait triomphalement le dit Cheik (ex-Emir) Rached Ghannouchi grand manipulateur devant l'Eternel ! N'avait-il pas dit en 1988 : "J'ai toute confiance en Dieu et en Ben Ali" ? Il l'avait d'ailleurs soutenu pendant la présidentielle de 1989 et aurait même négocié en secret, avec un certain Moncer Rouissi, l'éventualité d'une union nationale avec le RCD !

L'opportunisme de R. Ghannouchi se conjugue désormais à une patiente quête du pouvoir. Car l'homme est assez intelligent et a trop attendu pour se précipiter la tête la première dans des déclarations du genre "je serai candidat aux prochaines présidentielles". Il préfère tâter le terrain, jauger sa popularité après 20 ans d'exil. Il sait que son heure viendra ; et puis si ce n'est pas lui qui en profite, autant ne pas saborder les chances de son parti ! Il sait toutefois qu'il a une solide base très mobilisable et de nombreux "indécis" qui peuvent basculer de son côté. Il a enfin l'avantage d'avoir, contrairement à l'écrasante majorité des autres formations politiques, un positionnement très clair et un programme facilement "empaquetable" pour séduire le citoyen bêta.

Le péril vert est en marche. Les forces démocratiques doivent se mobiliser afin d'orienter la constitution en genèse vers une mise en place et une protection effective des principes républicains et laïques qui doivent présider à la vie socio-politque du pays. Il faut instaurer des garde-fous qui empêcheraient l'instauration d'une nouvelle dictature et de nouvelles restrictions des libertés. La plus grande vigilance est de mise sinon l'euphorie révolutionnaire risque de se terminer en gueule de bois !

vendredi, janvier 28, 2011

Un Jouini peut en cacher un autre !

Lorsque le Premier ministre a annoncé la composition du nouveau gouvernement de transition, j'ai eu l'agréable surprise de constater qu'il a enfin fait appel à des compétences tunisiennes reconnues qui font depuis longtemps les beaux jours d'institutions étrangères. Le meilleur symbole de ces profils exceptionnels qui manquaient à la Tunisie est incarné par Elyes Jouini dont l'ascension fulgurante l'a mené à la vice présidence de l'Université Paris-Dauphine et qui, rappelons le, a décroché en 2005 le prix du meilleur jeune économiste de France. Il a par ailleurs été administrateur de la Banque de Tunisie jusqu'à ce que la BT soit l'abbréviation de Belhassen Trabelsi et que feu Faouzi Bekahia soit remplacé par Alya Abdallah.

Le casting proposé par Ghannouchi est enfin à la hauteur des attentes de l'opinion publique avec de nombreux technocrates jouisant d'une solide réputation. Seuls Afif Chalbi et Nouri Jouini restent rescapés de l'ère Ben Ali. Le maintien du deuxième me laisse toutefois dubitatif au vu de son CV : conseiller de Ben Ali de 1996 à 2001, secrétaire d'Etat chargé de la privatisation de 2001 à 2002 et depuis cette date ministre du développement en charge notamment du développement régional ! Sans oublier qu'il avait sous sa coupe l'appareil statistique via l'Institut National de la Statistique. Même s'il a "les mains propres", sa compétence en tant que planificateur et superviseur du "modèle de développement tunisien" lui font supporter une bonne part de responsabilité dans l'échec du dit modèle, particulièrement en ce qui concerne le déséquilibre de développement régional.

Il est toutefois rassurant de savoir que désormais Elyes Jouini sera chargé des réformes économiques et sociales et de la coordination avec les ministères concernés ; en espérant qu'il aura le temps et les coudées franches afin d'impulser une vision novatrice qui mette l'économie nationale sur les bons rails.

mardi, janvier 25, 2011

Les bobos sont dans la rue...


Aujourd'hui avait lieu une manifestation de pro-gouvernementaux ou, pour préciser, de ceux qui manifestaient contre les manifestants ! Ils réclamaient un rapide retour à des rythmes scolaire et professionnel normaux. Que cela se fasse avec ce gouvernement ou un autre, la plupart s'en souciait peu... à la limite certains devaient regretter une époque pas si lointaine où l'ordre régnait en maître ! Ceux qui voulaient retourner au travail... ont un travail !! Pour beaucoup d'entre eux il faut bien payer l'école privée et les cours particuliers des enfants, la voiture populaire de madame et le crédit de l'appartement. Bien sur il y a aussi quelques pauvres ouvrières qui veulent retrouver au plus vite leur usine et toucher le salaire de misère qui assure le minimum de subsistance à leur petite famille.

A l'opposé, ceux qui squattent à la Kasbah sont ceux-là mêmes qui n'ayant plus rien à perdre ont payé le plus lourd tribu à l'insurrection des régions du Centre qui s'est transformée par leur courage en cette révolution que tout le monde cherche aujourd'hui à récupérer. C'est cette crainte de se voir une nouvelle fois floués qui pousse les protestataires à exiger un gouvernement qui leur inspire plus de confiance. Ils ne veulent plus de ces ministres qui ont si peu fait pour eux durant des années. Et il n'y a pas que les ministères dits de souveraineté ! La politique industrielle et la politique de développement économique reste au mains des mêmes ministres qui ont failli à promouvoir une répartition plus équitable des fruits de la croissance durant la dernière décennie. Ils ne se sont pas trop ému du sort que pouvait connaître ces populations laissées pour compte. Pourtant les chiffres officiels du chômage dans ces régions étaient très alarmistes depuis des années déjà : de nombreuses délégations des gouvernorats du Centre et du Sud affichaient des taux de chômage frisant voire dépassant les 50 %, trois fois le taux national !! Une véritable poudrière en puissance qui n'attendait que l'étincelle allumée par Bouaazizi paix à son âme.

Alors ces gens sont venus manifester devant les bureaux du Premier ministre pour lui dire qu'ils ne veulent plus de ceux qui les ont si longtemps ignoré. Ils sont venus lui dire aussi qu'ils veulent quelques représentants de leurs régions dans le gouvernement transitoire car celui-ci contient trop d'hommes du passé, trop d'hommes du littoral qui s'est accaparé l'économie du pays. Ils sont simplement venus lui dire qu'ils veulent espérer !

La balle est dans le camp du gouvernement. Comme je l'ai dit dans le post précédent, l'intérêt de la Nation prime sur tout ! Il faut donner des signes rassurants aux populations des régions délaissées car c'est elles qu'il faut convaincre. Il faut s'assurer de leur confiance pour que le gouvernement de transition et les commissions d'enquête indépendantes puissent travailler dans de bonnes conditions durant les mois à venir. Car il ne faut pas se leurrer, cette période ne verra pas s'améliorer de façon notable les conditions de vie à Sidi-Bouzid ou à Kasserine ! D'ailleurs, cela ne fait même pas partie des attributions d'un gouvernement de transition censé gérer les affaires courantes et préparer le passage à un régime démocratique. Néanmoins, les mesures d'aide d'urgence aux victimes, aux sinistrés et aux diplômes chômeurs vont dans le bon sens, celui de l'apaisement. Un remaniement ministériel qui prendrait en compte les revendications des opposants au gouvernement finirait de sceller un climat de confiance qui serait le corollaire de la stabilité dont a besoin le pays pour mener à bien sa transition vers une véritable démocratie tout en préservant ses intérêts économiques.

lundi, janvier 24, 2011

A beau mentir qui vient de loin !

Faut il avoir confiance en Ghannouchi ? Depuis, une semaine qu'il est sur le devant de la scène, le premier ministre-président est loin de faire l'unanimité. Nombreux sont ceux qui le découvrent alors qu'il est premier ministre depuis plus de 11 ans et ministre depuis octobre 1987 dans le gouvernement d'un certain Zine el Abidine Ben Ali. L'homme a toujours été discret et peu enclin à la communication, des qualités très appréciées par l'Omniprésident déchu et qui continuent d'être à son avantage aujourd'hui. Pour beaucoup, les succès économiques de la Tunisie sont à mettre au compte de Ghannouchi alors que la corruption et les malversations étaient uniquement le fait de Ben Ali et ses proches. Mais pouvait-il ne rien savoir ? Il a bien dit que son rôle de premier ministre s'arrêtait à la coordination et qu'il a songé maintes fois à démissionner. Pourtant, pour qui sait comment fonctionnait l'Administration sous Ghannouchi, les ministres étaient pour la plupart des super-secrétaires d'Etat qui rendaient compte au premier ministre et au Président. D'ailleurs, quand les ministres changeaient on gardait généralement le même cabinet ministériel dont le chef était souvent directement désigné par le premier ministère.

Avant la chute de Ben Ali, l'atmosphère au sein de l'Administration était devenue irrespirable. Les fonctionnaires, loin d'espérer un miracle tel que celui du 14 janvier même dans leurs rêves les plus fous, n'avaient plus qu'un souhait : un véritable remaniement ministériel qui sort du traditionnel jeu de chaises musicales. L'attente devenait pesante depuis les présidentielles de 2009 : on attendait un changement de premier ministre et de nouvelles têtes ! Alors nul besoin de dire que la déception était grande de voir qu'au lendemain de la destitution de Ben Ali on continuait avec une équipe gouvernementale largement basée sur des personnalités de l'ancien régime avec à leur tête l'inamovible Ghannouchi. Il n'a pas hésité à confirmer, voire à faire appel, à des ministres et secrétaires d'Etat dont l'implication dans des malversations administratives (attributions de marchés, gestion de biens publics, fiscalité...) ne laisse que peu de doutes. La bouffée d'oxygène tant espérée se fera donc encore attendre !

Pouvait-on faire autrement ? Personne ne peut contester qu'il n'est pas dans l'intérêt du pays qu'une situation de vacance du pouvoir se prolonge. La constitution d'un gouvernement transitoire devait se faire dans l'urgence et il était difficile de mettre tout le monde d'accord. Toutefois, il ne fallait pas être devin pour savoir que l'actuelle équipe serait très contestée. A mon humble avis, un gouvernement de salut national resserré s'imposait. La pléthore de ministres et de secrétaires d'Etat peut donner le mauvais signal que le gouvernement provisoire a vocation de durer. Par ailleurs, certains ministres confirmés dans leur postes et ayant géré des dossiers ''sensibles'' en matière de fiscalité, d'attribution de marchés publics ou de politique de développement concentrent les soupçons (fondés ou infondés) quant à la possibilité de dissimulation ou de destruction de preuves qui entraverait le bon fonctionnement des commissions d'enquête indépendantes. L'argument que ces ministres disposent d'une large expérience qui rend difficile leur remplacement ne tient pas du tout ! S'il est un poste hautement technique et sensible c'est bien celui de Gouverneur de la banque centrale. Pourtant on n'a eu aucun problème à trouver le bon remplaçant en la personne de M. Mustapha Kamel Ennabli qui aurait fait, soit dit en passant, un excellent premier ministre faisant l'unanimité parmi l'opinion publique et les investisseurs aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Alors qu'on ne vienne pas nous dire que certains ministères ''techniques'' sont difficiles à combler ! La Tunisie manquerait-elle de compétences en économie, en finance ou en gestion ?!

Toujours à mon humble avis, il n'est pas trop tard pour désamorcer l'actuelle crise gouvernementale. L'interêt suprème du pays exige que tout le monde se mette au travail, le gouvernement et les commissions d'enquête en tête ! Alors pourquoi ne pas maintenir Ghannouchi, qui avec M. Mbazaa assurent le lien constitutionnel, et changer tous les autres ministres pour couper court à la polémique en les remplaçant par des personnalités intègres (peu importe le bord politique). Les commissions d'enquête travailleraient alors avec plus de sérénité et feraient la lumière sur l'implication ou non des anciens membres du gouvernement !

mardi, janvier 18, 2011

Marzouki est rentré... mais pas son site !

Ammar n'est pas encore au chomage à ce qui me semble ! Je n'arrive pas à accéder à www.moncefmarzouki.net ni au cache de google...

Deux ans !

Oui, deux ans de silence... Ulysse n'était plus heureux au "pays du bonheur éternel" et ne croyait plus tellement à l'expression alternative sans cesse muselée par Ammar et ses acolytes ! Mais c'était sans compter avec ce vent de colère venu des terres les plus reculées porté par la volonté des hommes libres (n'est ce pas ainsi que les berbères aiment se désigner ?). Alors aujourd'hui je peux de nouveau paraphraser Darwish : "sur cette terre, il y a ce qui mérite de vivre " !

Merci à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour qu'on puisse de nouveau respirer.