A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connait à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux cœurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir
Ce très beau poème ne nous serait peut-être jamais parvenu s'il n'était par hasard tombé entre les mains de Georges Brassens qui a eu le coup de foudre pour ce texte et l'a merveilleusement mis en chanson. En effet, son auteur Antoine Pol n'était pas considéré comme un écrivain à part entière (notamment en raison de ses activités en tant qu'industriel) et ses oeuvres n'ont eu droit qu'à des publications très confidentielles (quelques centaines d'exemplaires pour la famille et les amis).
Brassens avait bien sûr contacté Antoine Pol afin d'obtenir l'autorisation de mettre son poème en musique. Celui-ci accepta et ils avaient convenu de se rencontrer un mois plus tard... malheureusement, Antoine Pol, alors âgé de 83 ans, est décédé une semaine avant la rencontre ! Brassens a toujours regretté de ne pas l'avoir connu !
6 commentaires:
Ce qui m'a attirée c'est la phrase "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage" car c'est mon crédo dans la vie!
Puis la chanson de mon adoré Georges Brassens: Les passantes où il exprime son regret de toutes les occasions qu'il a ratées dans la vie!! On ressent sa douleur, sa souffrance, ce qui fait je ne l'écoute jamais sans un serrement de coeur!!
j'ai décide de vous écrire, car quelqu'un qui aime cette chanson de Brassens ne peut être qu'un ête exceptionnel!Merci de l'avoir fait!!
Merci chère raoudha et soyez la bienvenue sur mon île !
Nous partageons au moins l'amour des belles chansons à texte... à bientot !
PS : il est impossible d'accéder à votre profil...
Bonjour, je suis le petit fils d'Antoine POL. J'ai réédité Emotions Poétiques à l'identique il m'en reste 30 sur 500 exemplaires. Mais on peut aussi se procurer encore Des Passantes à l'Oiseau Blanc (illustré)100 ans d'émotions poétiques par les quatre générations POL. Biographie, poèmes, contes et fables des six auteurs, avec de nombreux inédits d'Antoine POL, y compris Les Passantes en entier. Edition à compte d'auteur disponible par mon mail exclusivement. Amitié à tous les lecteurs et fans de Brassens.
incroyable. votre grand-père a écrit un des plus beaux poèmes de la langue française. il devrait être dans la pléiade, et vous l'éditez à compte d'auteur!
je me suis inspiré des passantes pour en faire un tableau.
si vous voulez le voir
http://chanoir.site.voila.fr/page18n.htm
Lors d'un Grand Echiquier consacré à Lino Ventura, Lino a sommé Brassens de chanter cette chanson. Brassens dont la mémoire était défaillante fut aidé par Maxime Leforestier également invité qui improvisa ainsi un duo avec Brassens. C'est ainsi que je découvris ce petit bijou de la poesie.
Comme vous le dites si bien, J'ai vu l'émission de Jacques Chancel à cette époque. j'ai revu le journaliste Chancel au Festival de la biographie de Nîmes où je faisais des dédicaces de mes romans. je lui ai offert la réédition de Emotions poétiques avec ma carte. Il m'a semblé très lointain et ne m'a jamais remercié...Pourtant il savait qui j'étais. je l'ai trouvé hors du monde des gentlemens. je pense qu'un jour j'éditerai les deux romans inédits d'Antoine POL. Le temps ne fait rien à l'affaire, les hommes passent, les écrits restent. Bruno Antoine POL.
Enregistrer un commentaire