C'est le titre de l'article publié par Farag Foda dans la Revue d'Octobre (مجلة أكتوبر) en 1991, il y a tout juste vingt ans, quelques mois avant qu'il soit assassiné par un extrémiste de la Gamaa Islamiya. Il y exprime son opinion sur le parti Ennahda ; une opinion qui a gardé une fraîcheur étonnante après deux décennies.
Les mêmes protagonistes (Ghannouchi, Mourou, Ettahrir...) sont encore à l'oeuvre aujourd'hui. Mais déjà à l'époque, Foda pointait la duplicité de langage et le décalage entre les déclarations et les intentions sous-jacentes. Il constate que le mouvement Ennahda est un curieux mélange de partisans du ''Tout est permis'' (أنصار لابأس) et ceux du ''Rien n'est permis'' (أنصار البأس الشديد). Il mesure le décalage entre des dirigeants qui se réclament d'un islamisme modéré et une bonne partie de la jeune base plus proche des salafistes d'Ettahrir et des tenants de l'idéologie jihadiste que des thèses réformistes.
L'article de Foda finit sur une note d'espoir concernant le maintien d'une république civile en Tunisie et des interrogations sur l'issue du processus démocratique. Malheureusement, l'histoire aura tourné court et le régime de Ben Ali s'est transformé en une dictature implacable.
Aujourd'hui une incertitude similaire plane sur l'issue de la transition démocratique et je regrette, en ce rendez-vous électoral décisif, l'absence d'intellectuels tunisiens de l'envergure de Foda prêts à démonter les arguments des prêcheurs de l'islamisme politique, au risque leur vie.
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