A l’occasion de la visite d’Etat que vient d’accomplir Nicolas Sarkozy cette semaine au Maroc, le royaume chérifien a conclu de nombreux contrats avec la France dont le plus important porte sur une ligne à grande vitesse qui devrait relier Casa à Tanger à partir de 2013 : le trajet actuel qui dure plus de quatre heures sera ramené à une heure et demi ! D’autres lignes sont d’ores et déjà envisagées : Casa–Marrakech–Agadir et Casa–Oujda.
Pendant ce temps, la Tunisie ne semble pas nourrir des idées pour ce genre de projets. Alors que le pays disposait à l’aube de l’indépendance d’un réseau qui couvrait une bonne partie du territoire, il s’est réduit au fil des ans tel une peau de chagrin. La Tunisie a raté le virage du chemin de fer en faisant le pari du transport routier : à mesure que les routes et autoroutes se développaient, l’intérêt pour le rail s’affaiblissait.
Pourtant le transport ferroviaire présente de nombreux avantages en termes de sécurité et de développement durable car il est bien moins polluant que les camions et les voitures, surtout si les lignes sont électriques. Malheureusement, en Tunisie, ce sont encore les locomotives thermiques qui prédominent largement : seules les lignes du métro-sahel et du TGM (en plus de celles du métro léger) sont électrifiées. La ligne vers la banlieue sud devrait bientôt se convertir à la traction électrique dans le cadre du projet RFR (Réseau Ferroviaire Rapide du Grand Tunis). L’Etat semble par contre très réticent à développer de nouvelles lignes inter-urbaines : un train rapide Tunis–Hammamet a ainsi été jugé non rentable. Alors pour ce qui est d’un TGV Tunis–Sfax…
Financièrement parlant, il est vrai qu’une nouvelle ligne n’est rentable qu’à long (voire très long) terme. Mais si on prend en compte tous les effets induits en termes de création d’emplois, d’augmentation de trafic, de flux économiques, de gains de temps (Tunis–Sfax en un peu plus d’une heure), la rentabilité économique devrait être rapidement au rendez-vous. De plus, dans le cadre d’une politique de décentralisation et de désengorgement de la capitale, rien ne vaut le rail (et a fortiori le TGV) pour raccourcir les distances.
Une ligne à grande vitesse (LGV) est à peine 30% plus chère qu’une ligne classique mais ce serait un choix résolument tourné vers l’avenir pour se mettre au diapason des pays du nord de la méditerranée. Un projet de LGV entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie est actuellement à l’étude. Mais s’il faut attendre l’UMA pour le concrétiser, mieux vaut patienter jusqu’au prochain train !