vendredi, novembre 17, 2006

JCC ? Journées du Cinéma Censuré !

… où Jeux de Coupes aux Ciseaux ! Hier je me suis rendu à la projection programmée à 15H au Parnasse de ‘’La saveur de la pastèque’’, film taiwanais du réalisateur Tsai Ming-liang ayant reçu, entre autres, le prix FIPRESCI de la Critique Internationale au Festival de Berlin en 2005. Sachant que le film comporte de nombreuses scènes érotico-pornographiques et qu’il a été interdit aux moins de 16 ans lors de sa projection en France, j’ai bien pris soin de m’assurer lors de l’achat de mon ticket qu’aucune ‘’rectification’’ n’a été apportée au programme affiché sur le guichet. Mais comme chez nous la censure s’exerce de façon discrète et sournoise, l’affiche n’a été changée qu’un quart d’heure avant la projection ; le mensonge en plus, puisque le guichetier m’a affirmé avec véhémence que la nouvelle affiche était là depuis longtemps !! J’ai pu donc constater, à mes dépens, que le film a été purement et simplement annulé et remplacé par un autre au dernier moment, comme si de rien n’était !

Cet épisode ne vient que s’ajouter à d’autres ayant entaché par le passé les JCC… Je pense notamment à l’interdiction du film ‘’Fatma’’ de Khaled Ghorbal lors de la session 2002 : on avait été évacué de la salle de l’ABC alors que la projection allait débuter ! Dehors y’avait une mini manifestation de pseudos militants se réclamant d’un syndicalisme douteux et bien connus du Campus de la Manouba où ils exercent leur art de la vocifération haineuse. Ils haranguaient la foule de boycotter le film sous prétexte qu’il avait été projeté en Israël et que son réalisateur était un pro-sioniste favorable à la normalisation avec l’Etat hébreu !! Tout cela sous le regard passif de nombreux policiers et à deux pas du Ministère de l’Intérieur… C’est surtout parce que le contenu du film dérangeait plus d’un et qu’il montrait une face peu reluisante de la condition féminine dans notre société qu’il a été mis à l’Index !

Je veux bien qu’on prétende que les JCC sont une manifestation d’ouverture à tous les Cinémas et véhiculant les plus hautes valeurs de liberté et de tolérance… Mais si les organisateurs n’arrivent pas à assumer leurs choix de programmation, il faudrait être plus honnête et ne prévoir dans ce cas que des films bien gentils et bien lisses, caressant le Public dans le sens du poil et évitant de heurter la sensibilité des uns ou des autres. Mais qu'y gagnerait-on ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Celà fait 5 éditions que je suis les J.C.C. et il ne s'est pas déroulé une édition sans qu'il y ait un cas plus au moins grave de censure pour telles ou telles raisons. L'édition de 2004 par exemple en a connu une importante, la sélection puis la déprogramation à la dernière minute avant le début de la session du documentaire "Déluge au pays du Baath" du syrien Omar Amiralay... Déprogramation qui a eu pour conséquence un mouvement de contestation, plusieurs cinéstes retirèrent leurs films et le président du jury, syrien lui aussi, a menacé de se retirer...
En tout cas, je suis content que tu parles de "La saveur de la pastèque" que j'avais déjà vu et donc je n'étais pas au courant de cette mascarade que tu as vécu. Ceci dit trois remarques :
1. La censure existe bel et bien, même au J.C.C., c'est pas neuf.
2. Des décisions arbitraires qui ne s'assument même pas et qui sont maquillés de façons ridicules, hypocrites et lâches, çà aussi ce n'est pas nouveau.
3. Mais le plus important est que çà révèle le fait que les films qui sont programmés ne sont pas visionés tous à l'avance par le comité. En l'occurence, "La saveur de la pastèque" fait partie d'une sélection "arte", et on peut se demander à combien se chiffrent les films non visionés et quels sections touchent-ils ???

Anonyme a dit…

Ah oui je l'avais oublié celui-là ! le cas du "Deluge au Pays du Baath" constituait effectivement un précédent très grave... Les JCC sont de plus en plus sujet à l'instrumentalisation afin que certains redorent leur blason et prétendent soutenir le cinéma et la culture... une semaine pour faire oublier que pendant le reste du temps l'art vivote dans des conditions misérable ! mais qui s'en soucie ?

Anonyme a dit…

excellent blog et excellent sujet!

la question qui se pose qui decide de censurer quoi?

aui decide de la censure?